Donnons la parole aux aides à domicile

Elles prennent soin de nos aînés, elles assurent chaque jour le bien-être de nos familles, elles nous soutiennent malgré la crise ....

auxiliaire de vie coronavirus

Elles sont mamans, célibataires, à leur compte...elles sont, chaque jour,  un espoir, un rayon de soleil, un lien social... elles sont celles qui assurent le bien-être de nos aînés, elles sont celles qui nous rendent la vie plus facile.
Parce-qu'elles ont choisi de dédier leur vie au service de l'humain, parce-qu'elles continuent malgré tout sur le terrain, parce-qu'elles aident nos familles et qu'elles luttent contre les injustices, parce-qu'elles  sont en première ligne,  parce-qu'elles sont "les oubliées" du gouvernement et qu'elles méritent qu'on les écoute et qu'on les considère...

Nous avons  décidé de rassembler les témoignages d'auxiliaires de vie durant cette période de confinement. Voici leurs témoignages, peu importe leur statut, peu importe leur structure. Cet article a été écrit afin de mettre en lumière leur travail, leur courage, leur amour du métier et le lien social. Aucune modification n'a été apporté.  La plupart ne souhaitant pas diffuser leur image, nous avons choisi d'indiquer uniquement le nom et la ville. Mettons la communication au service de celles qui se démènent chaque jour et sans filtre !

 

Magali, assistante de vie, Var

"En ces temps difficile, il est de notre devoir de continuer notre mission auprès de nos bénéficiaires qui comptent sur nous, en mettant tout en oeuvre pour les proteger et nous protéger. Courage à tous et prenez soins de vous."

Lydia, assistante de vie, Pays de la Loire

" Pour ma part l'association fait de son mieux et est présente en cette période délicate. Nous avons beaucoup de chance. Malheureusement nous manquons de masques ! Je devais déménager et comme je peux plus, je leur ai dis que je pouvais rester en renfort car malheureusement beaucoup de collègues sont en arrêt ou ont démissionné.. La fatigue est plus présente que d'habitude avec le stress, le changement de planning, et d'entendre parler du Corona toute la journée... Mais c'est un plaisir d'aller travailler et de pouvoir rire avec les personnes âgées et/ou handicapés ! Nous ne pouvons pas les laisser tout seul chez eux. Humainement et professionnellementparlant ce n'est pas concevable. Puis ça évite d'être confiné H24, c'est positif ! Bon courage pour votre article et votre confinement. Très bonne initiative. "

Emilie, assistante de vie, Aquitaine

" Ce que je déplore le plus dans notre métier c'est qu'on échange pas plus avec les professionnels de santé qui travaillent aussi à domicile , on devrait tous travailler main dans la main pour le bien être de nos bénéficiaire /patients. Je trouve ça tellement important. On a tous le même but, être la pour aider, soigner des personnes vulnérables, en perte d'autonomie et faire qu'elles puissent rester chez elle, dans leur environnement le plus longtemps possible."

Caroline, assitante de vie, Caen

"Fiere de continuer a travailler dans ces moments la mais zero reconnaissance meme plutot de la colère car on en fait moins .. heureusement certaines personnes nous font avancer
Pas assez payées, ça c'est sur, après ce confinement je passe l examen pour devenir aide soignante. Un peu plus de reconnaissance"

Raphaelle, Rhône Alpes

"Aucune reconnaissance de notre travail, quand on arive chez nos bénéficiaires,  ils nous disent, surtout les familles qui ont des femmes de ménage que c'est honteux on fait tout pour  qu'ils soient bien chez eux,  😢 et on est rien, on est plus que 3 sur notre vallée et on se fait engueler quand on vient pas grrrrr "

Léa, assistante de vie, Basse Normandie 

Bonjour, ce metier que j'adore et dont je suis passionnée, ça fait maintenant 1 an et demi que je travaille, et travailler avec eux n'est que pur bonheur , alors oui ce n'est pas toujours tout rose car certaines personnes âgées sont désagréables ou tres exigeantes mais il y en a tres peu des comme ça, oui nous n'avons pas une belle image de ce metier, desolée de l'expression mais "pour les autres on torche des culs ont fait des courses et on lave des maison" c'est sur que vu comme ça il n'y a rien de bien passionant , mais il y a plus que ça, il y a la communication , l'aide et le sourire qu'on leur apporte et cest magique, leur décès nous touche évidemment car nous sommes des êtres humains mais nous sommes dans l'obligation de mettre une distance car sinon à force nous ne tiendrons pas , alors oui on a nos favoris autant ne pas se mentir 😂 mais ce métier eqt magique et très très intéressant, épuisant , certes , il ne faut pas l'oublier, sourire c'est important dans ce métier meme quand ça va pas , mais dans tous les cas les personnes âgées vont le ressentir soit elles ne diront rien soit elles nous feront rire, chaque personne est différente après tout 🤷🏻‍♀️"

Virginie

" La phrase: les oubliés( e) de la société est tellement vrai. On ne parle des caissières, des agents de sécurité ... Mais on ne parle pas des auxiliaires de Vie pourtant en première ligne avec des personnes vulnérables. J' aurais aimer contacter une chaîne TV pour montrer notre travail en tenue CIVIl .....peut être avez - vous le projet suite à nos retours d' en faire l' échange
Merci aux réseaux de pouvoir échanger avec d' autres collègues car on se sent tellement démuni(e)s😥 "

Lahna, assistante de vie,  Rochin (Nord )

Nous sommes les seules personnes qui les soutenons et qui leurs apportons les aides nécessaires chaque jours. Pas le choix, d'y aller car on est leur dernier espoir. Les bénéficiaires ne sont pas équipés ni protégés. Depuis quelques jours, j'ai été dépisté positive du COVID-19. Je suis confiné par le médecin avec traitement en espérant que mon Etat ne s'aggrave pas. Les auxiliaires de vie sont vraiment les oubliés du gouvernement. Nos employeurs qui nous mettent la pression pour aller sur le terrain sans équipement voir même encore lorsque je leur ai annoncé que j'étais contaminé pour ne pas perdre les bénéficiaires. Je ne regrette pas mes interventions car les bénéficiaires sont des êtres vivant et ça aurait pu être mes parents. Si je guérie vite j'irais aider les bénéficiaires à nouveau. J'espère avoir du matériels pour me protéger et pour protéger les personnes âgées et fragilisées. "

Laura,  Charenton le Pont

" En colère notre métier une vocation on fait tout pour le maintien à domicile on fait jusqu’à des soins on est psychologue etc.... et en retour On est considéré comme des moins que rien 😡 "

Natacha, assistante de vie

"Je suis en cesu et je fais des remplacement pour une association, j'ai des gants , des masques, du gel, des spray sanytol que je ne quitte plus...j'ai 3enfants, j'avais peur de me retrouver au chomage a cause du confinement,mais non , je fais 7h 18h30 tout les jours, je n'ai plus de journées sans sortir donner à manger a une personne âgée... je travaille, la boule au ventre. Je deviens parano je désinfecte tout, tellement peur d'être contaminée ou de contaminée mes proches, mes patients... j'aime ce travail,mais je pense que je remettrai mes choix ma vie en question après tout ça... "

Roxanne, assistant de vie

"Je suis en CESU, mais j'aimerais que l'on parle plus de nous que l'on soit en CESU, en association ou autre, on est trop souvent oubliées, pour ma part je travaille tous les jours ( depuis le confinement, que le matin) mais je n'ai pas droit aux masques ( pas considérées comme personnel soignant), pas prioritaire aux caisses soignants ( alors que je fais les courses de mes bénéficiaires), en fait nous n'avons droit à rien. Je vois que total offre un plein aux personnes soignants, mais nous aussi on use notre essence en allant aider nos aînés, ou personnes en situation d'handicap. On prend autant de risques que les soignant"

Jocelyne, Pays de la Loire

" Je suis en CESU et aujourd'hui je ne trouve plus de gants. Les super- marchés ont été devalisés les pharmacies refusent de me vendre du gel des gants et des masques donc je continue mes interventions sans rien. C'est vraiment n'importe quoi et dehors vous voyez des personnes qui se promènent avec tout l'équipement. 
Pour ce qui est du salaire, j'ai fait 12 ans en association pour un salaire de misère et en CESU, je gagne mieux ma vie avec les journées moins longues et un planning choisis d'un commun accord. J'ai droit à quelques attentions des bénéficiaires trop gentilles. Pour moi, c'est le bon choix. "

Léïla, assistant de vie

" Que l'on arrête de nous considérer comme des soignants Lowcost, certe on ne fait pas d'acte médical (alors que les toilettes au lit pour les personnes alitées représentent un acte médical, et on est amené à le faire) on fait tout ce qui ce fait en structure sauf à domicile pour permettre au personnes âgées, malade ou handicapés de vivre dans la dignité chez eux. Alors oui marre d'être la dernière roue du carrosse alors qu'en cette période critique nous continuons à y aller au risque de se faire contaminé et de contaminer nos proches "

Marie-José, assistante de vie, Paris

" Perso je voudrais qu'on parle de nous tous qu'on soit en association , entreprise ou en CESU particulier employeur,  je suis AVS je travaille en CESU depuis 4 ans maintenant, je bosse 7/7 jours car le dimanche 15 Mars j'ai pris et dit à ma jeune collègue de 31 ans de rester chez elle et de garder son fils de 2 ans, je travaille pour deux personnes vulnérable et dépendante, mes 3 autres personnes je n'y vais plus heures de ménage pour moi ce n'est pas vital, c'est notre travail , notre devoir de continuer pour nos anciens de ne pas les abandonner , leur apporter ce rayon de soleil malgré ces temps difficile, un peu de baume au cœur , une parole gentille ect…. Nos anciens se sont battus pour notre liberté , nos droits , à nous tous de faire ce qu'on peut avec ce qu'on a; même si c'est difficile ,même si vous avez tous la peur au ventre , eux aussi ont eu la peur au ventre mais ils se sont battus pour tout ce qu'on a actuellement sans eux on ne serait pas là aujourd'hui ni dans ce monde là; on doit continuer pour eux ; je comprends votre peur mais eux aussi quand ils étaient jeunes ont au peur pour leur vie au moment de la guerre et des restrictions alimentaire. Ne jamais oublier , des guerres il y en a eu et en aura d'autre sous n'importe quelle forme mais tous ensemble on s'en sortira plus fort , bon courage à tous , prenez soin  de vous bonne journée "

Anonyme, Basse normandie

" De la part du gouvernement nous sommes invisibles , du corps infirmier cela dépend , des familles mi figue mi raisin , pour nos patients nous sommes leurs rayon de soleil est sa efface tout le reste . Je fais se métier pour mes patients et leurs sourires "

Corrine, assitante de vie, Lacanau

Pas de reconnaissance, je parle pas de l'association ils font attention que l'on est, tout ce qu'il nous faut, je parle de l'État "


" Je suis aide à domicile, celle qu’on appelle « la bonne » ou la « femme de ménage ».Celle qu’on « prend » pour s’occuper d’un proche âgé ou dépendant ou juste pour entretenir un logement.Mais si, vous voyez qui je suis, souvent vous dites que je suis « stupide » ou « sans diplômes » alors que finalement vous n'en savez rien, puis personne ne s'est demandé si je n'avais pas juste préféré faire un métier plus humain.Je suis celle qui a un rôle essentiel dans le maintien à domicile des personnes (concrètement, si mamie Simone, dont vous n’avez pas le temps de vous occuper et qui vous coûterait trop cher en maison de retraite, peut rester chez elle et garder un minimum d'autonomie, c’est grâce à moi).Je suis celle qui nettoie les urines et vaisselles de vos proches. Celle qui fait à manger à Papy parce que vous travaillez. Celle qui repasse le linge. Je suis celle qui se démonte le dos à faire les courses de votre voisin qui est trop vieux, ou le transfert du lit au fauteuil pour qu'il puisse déjeuner.

Celle qui lave le dentier de votre pépé ; Celle qui change, couche, console, dit bonne nuit le soir, bonjour le matin à vos / à nos anciens. Je suis celle que vous regardez de travers quand elle se gare sur une place handicapé avant de vous rendre compte que la personne qu’elle accompagne au magasin l'est, et dispose d'une carte de stationnement, vous savez, celle que vous vous n’avez pas, quand vous vous garez sur cette place bleue parce qu’elle est plus proche et que « c’est bon, c’est pour 5 minutes ». Je suis celle que vous klaxonnez quand elle vous fait signe de ralentir au passage piéton parce que déjà vous êtes obligés de vous y arrêter quand un piéton est dessus (si, je vous assure, c’est dans le code de la route) et surtout parce qu’à son bras est accrochée une mamie qui pourrait être votre mère, votre grand-mère et j’en passe. Je suis celle qui vous paraît bizarre parce qu’elle mange dans sa voiture ou dehors entre deux sols à balayer (même que parfois j’y fais des siestes parce que garder vos gamins, laver votre parquet, porter vos courses, courir pour arriver à l’heure à l’école, sortir vos poubelles, c’est fatigant). Je suis celle qu’on oublie....

Vous oubliez...

Que je suis celle qui mange les biscuits tout secs de votre vieille tante que vous ne venez pas manger parce que « tu comprends en ce moment c’est compliqué mais promis je t’appelle ». 
Que je suis celle qui parfois pleure à la mort d’une personne chez qui je ne « faisais QUE de l'entretien, de l'accompagnement ou de l'aide à la personne tout simplement ».
Que je suis celle qui leur permet de vivre dans un endroit décent. 
Que je suis celle qui ne compte pas les minutes supplémentaires pour rendre service parcequ’elle sait qu’elle travaille avec des humains qui ne sont pas que des noms sur son planning. 
Que je suis celle qui à force d’écouter de consoler, de rassurer, d’aider les autres, oublie de le faire pour elle-même. 
Que je suis celle qui les emmène en voiture voir les paysages de leur enfance.
Que je suis celle qui les écoute parler avec tendresse de leurs époux(ses), patients avant eux. 
Que je suis celle qui regarde les photos de mariage de toute la famille avec votre arrière-grand-mère.

La liste serait tellement longue... je sais, c’est dur à croire parce que pour beaucoup, Auxiliaire de vie = aide ménagère. Vous ne voyez pas que c’est au final qu’une petite partie du métier.

Je suis celle qu’on oublie, et aujourd’hui encore plus... Je suis celle qui demain va devoir aller travailler avec des personnes sensibles qu’elle peut contaminer ou qui peuvent la contaminer parce qu’elle est oubliée par l’Etat. Comme les assistantes maternelles, les infirmières libérales, les auxiliaires de vie à domicile et sûrement d'autres. Vous nous demandez d’aller prendre soin des autres mais qui prend soin de nous ? On doit affronter un virus qui est si dangereux qu’on ferme des écoles mais qui ne doit pas être si dangereux que ça pour aller voter (ou dévaliser le rayon litières pour chats) ? On doit y aller armées de notre sourire pour pas inquiéter les gens qui sont déjà morts de trouille parce qu’ils ont écouté la télé tout le weekend.  Ha oui, nous avons nos gants quand même, et un flacon de gel, qui soyons honnêtes, risque plus de nous refiler un cancer plutôt que de nous protéger de ce virus ! Parce que oui, je suis tellement oubliée que mon salaire l’est lui aussi.  Je suis celle qui a peur pour les gens dont elle s’occupe, pour son salaire, pour sa santé et celle de ses proches.

Parce que pendant que vous vous restez chez vous, nous on doit continuer à prendre soins des autres oubliés de la société et de l'état.
vous savez vos proches âgés, dépendants, en situation de handicap que même vous, vous oubliez, parce qu’ils sont trop vieux, trop loin, trop encombrants. 
Je suis aide à domicile, et mon boulot c’est de prendre soin des autres, et un jour de vous.

Demain, je serai debout car j’ai une conscience professionnelle qui m’empêche de céder à la panique, je serai debout et je cueillerai des jonquilles dans le jardin d’un « petit vieux » pour le voir sourire. Je ferai cuire du riz (puisque vous avez pris toutes les pâtes) pour une mamie. J’accompagnerai cette dame à mon bras qui me remerciera 1000 fois.  Je dis respect à tout ceux qui mettent de côté leurs peurs, leurs familles, leurs temps pour soigner, aider, s’occuper des malades. "